lundi 10 septembre 2012

LU | Luxembourg | Restaurant Africain | Ebène Restaurant

Bar-restaurant, salle d’exposition et dancing. En plein centre ville du Grand Duché, le continent affiche sa diversité culturelle grâce à l’idée géniale de deux Sénégalais.

Ebène restaurant, la «Maison de l’Afrique» au Luxembourg

Source: Abidjan.net

C’est un bout de l’Afrique au cœur d’une cité européenne. Imaginez un continent de 30 millions de Km2 représenté en taille réelle dans un territoire d’à peine 2.500 Km2 de superficie. L’opération serait impossible à réaliser en taille réduite. Surtout que ce continent compte un milliard d’habitants et le territoire en question quelque 400 mille âmes. Et pourtant, l’imagination et la détermination d’un duo de Sénégalais ont permis de matérialiser cette idée via l’alchimie gastronomique. Elle, Edith, est dynamique, bouillonnante d’idées avec des jambes qui fourmillent. Lui, Chérif, est plus posé, réfléchi, un véritable stratège.



Des caractéristiques que l’un et l’autre tirent de leurs parcours respectifs. Edith Diedhiou Weiler, ancienne comédienne, arrivée au Luxembourg il y a une dizaine d’années, a fait le conservatoire avant d’embrasser la restauration après un diplôme obtenu dans ce secteur au Luxembourg. Elle est aussi fondatrice d’une association des femmes africaines « African women movement », qui vise à promouvoir leur intégration dans la société. Quant à Chérif Djiba, il est ingénieur informaticien de formation et connu dans le monde politique sénégalais ayant milité au sein du Parti démocratique sénégalais(PDS) de l’ancien président Abdoulaye Wade avant d’offrir ses services au président Macky Sall. Un opportunisme que les fervents défenseurs de la coalition Macky 2012 n’ont pas vraiment vu d’un bon œil. Résultat des courses, ils ont voulu se payer sa tête.

Ce qui a poussé Chérif à se retirer (provisoirement) de la politique. Ça tombe bien! La co-gestion de « Ebène restaurant » lui offre plus qu’une activité de substitution, une vraie passion. « Ce qui m’amuse parfois, c’est de voir certains clients s’adresser à moi comme si j’étais un salarié ordinaire de l’établissement. Tout simplement parce qu’ils me trouvent parfois derrière le bar à faire le service ou à l’entrée pour assurer l’accueil. », note Chérif. Carte de menus à la main, il explique inlassablement les spécialités culinaires de la maison lorsque son associée, Edith part faire une course ou alors quand elle distille des consignes de cuisson d’un plat commandé.

«Athiéké façon ivoirienne»

A ce propos, l’un des plats les plus prisés de l’établissement reste incontestablement l’athiéké façon ivoirienne. Non pas parce que la clientèle ivoirienne est majoritaire parmi les Africains qui viennent manger un morceau dans ce resto. Mais, du fait que le plat est devenu une véritable institution qui a largement dépassé les frontières du «pays des Éléphants». Parmi les autres spécialités à la carte, on peut déguster du ‘’Tiep yappe’’ aux légumes de saison, du ‘’Tiep Djenne’’, ou encore du ‘’Mafè bœuf à la Malienne’’, de l’agneau grillé vermicelles ou couscous aux olives vertes et du Yassa poulet au citron vert. Pour accompagner ces plats, le restaurant propose du riz blanc, du riz créole, de la banane plantain ou encore du manioc.


 Et si vous préférez caler un petit coin avec juste une entrée, vous aurez le choix entre du Velouté de carottes curry et gingembre, Samossa bœuf et niébé, Scampis géants salade aux algues wagage, une brochette Massai salade Casamance ou encore des Nems de thon à la mangue sauce aigre doux. Enfin, si vous avez encore une petite place après le plat pour le dessert, on vous servira du Crousti fondant de macarons au chocolat blanc et copeaux de coco, une Verrine de mangue et passion, des beignets de glace vanille, de l’ananas confit au miel vanille et mascarpone ou encore un café gourmand. En plus de la carte, Edith et Chérif ont ajouté un détail à leur affaire.

Ebène restaurant propose chaque jour de 12h00 à 17h00 un menu à volonté pour à peine 12, 50 euros. Un prix défiant toute concurrence dans un secteur ou le moindre plat dépasse généralement les 20 euros. On comprend donc leur optimisme quant à la réussite de leur projet. « Pour l’instant, nous devons nous faire connaître. Nos prestations sont exceptionnelles en qualité et en quantité. Mais le développement de la structure dépendra du succès auprès de la clientèle », indiquent Edith et Chérif. Ce dernier révélé qu’il y a encore quelques mois, il partageait l’essentiel de son temps entre son activité professionnelle et la politique.

«Franchise D’Code Bar»

Au 19 de la rue Hollerich, à un jet de pierres de la gare centrale du Luxembourg, il a trouvé de quoi combler son temps dans la co-gestion de « Ebène restaurant » avec Edith, en plus de son activité professionnelle. « La rencontre avec Edith s’est faite un peu par hasard. Je travaillais à Paris pour une boîte qui a des bureaux au Luxembourg. C’est ainsi que j’ai été conduit à venir au Grand-Duché. Puis on m’a parlé d’une compatriote qui était bien installée dans ce pays et qui pouvait m’aider à mieux m’acclimater», raconte Chérif avant d’ajouter: « Quand je l’ai rencontrée, elle m’a parlé de son projet qui m’a également intéressé. Voilà comment nous sommes devenus associés pour racheter cette affaire ». Une affaire inaugurée officiellement le 28 avril dernier et qui semble faire le bonheur de la communauté africaine du Grand-Duché ainsi que la population luxembourgeoise autochtone.


 « En semaine, la clientèle est essentiellement luxembourgeoise. Elle vient pour boire un verre et déguster les mets africains. Par contre, nous avons davantage d’Africains en fin de semaine. Nos frères et sœurs viennent se détendre, autour d’un verre ou de nos divers plats, après une rude semaine », remarque Edith. Pour mieux rentabiliser leur affaire, notre duo de sénégalais s’est mis en franchise avec une enseigne très connue au Luxembourg dénommée « D’Code Bar ». Le principe est simple. Edith et Chérif, propriétaires de « Ebène restaurant », versent un loyer mensuel à la franchise pour l’utilisation du nom « D’Code Bar ». Du coup si vous êtes de passage au Luxembourg et que vous cherchez un restaurant africain de la place, les connaisseurs vous conseilleront le « D’Code Bar ». Signe que le nom est une véritable institution dans la ville.

«Ambiance conviviale»


C’est probablement aussi ce qui explique la clientèle cosmopolite de l’espace. Edith et Chérif, ont surtout réussi à faire de leur établissement commercial un lieu de vie et de convivialité. L’accueil est chaleureux et sans protocole particulier. Mais avec toujours le sourire en prime. Ce qui ne gâche rien. Par ces temps de crise où l’Europe et l’Occident font grise mine, Edith et Chérif pensent que le Luxembourg peut être une vraie terre promise. Surtout pour ceux de nos frères et sœurs africains qui peinent en Europe à trouver leur chemin. Loin de la réputation de paradis fiscal que traîne le Grand-Duché, bien des opportunités peuvent s’offrir à ceux qui ont décidé de prendre le risque et de tenter l’aventure. Après tout, n’est-ce pas cela aussi choisir son destin? Ils auront, auprès de Edith et Chérif, l’assurance de trouver au Luxembourg une «Maison de l’Afrique» accueillante et très conviviale.


Par Jansee depuis Luxembourg

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