mercredi 30 avril 2014

World’s 50 Best Restaurants | La Polémique

Le « World’s 50 Best Restaurants » : la prime à l’intoxication médiatique et alimentaire
Source: Le Chef

Le verdict du classement des « World’s 50 Best Restaurants » vient de tomber. Le restaurant danois Noma du chef René Redzepi est élu pour la 4ème fois meilleure table du monde.
Le premier restaurant fançais arrive à la 11ème place : le Mirazur de Mauro Colagreco à Menton. Depuis 2002, ce classement réalisé par le magazine de presse professionnelle anglais Restaurant Magazine fait trembler sphère médiatique et tente d’imposer sa vision de la gastronomie.
Pourtant, tout est parti d’un coup de bluff qui frôle la supercherie. Début 2000, les journalistes tentent de trouver des idées pour rendre visible ce titre à faible tirage. Le projet d’un classement des meilleurs restaurants du monde émerge.

L’idée fait mouche et la terre médiatique s’empare de ce nouveau-né. La France reste le pays le plus représenté, avec 103 occurrences, depuis le début du classement. Pourtant, elle s’impose comme le pays où le plus de voix s’élèvent contre.

En ligne de mire des réfractaires : une méthodologie discutable et un mode d’élection opaque. Cette année, le jury s’est composé de 936 membres dont des critiques, des journalistes, des chefs ou encore des restaurateurs répartis dans 26 régions du monde. Ils devaient désigner chacun leurs 7 restaurants préférés dont 3 à l’extérieur de leur région. Le découpage des régions est réalisé chaque année par quelques responsables du classement qui se partagent le monde suivant des critères discutables.
Quand aux jurés, ils sont bénévoles et non défrayés. De plus, les organisateurs n’exigent pas d’eux de preuves telles des factures qui attesteraient de leur visite effective du lieu. Dans un entretien avec le Figaro du mercredi 30 avril, le journaliste allemand Jörg Zipprick, membre du juré en 2008, révèle l’envers du décor : discussion de couloirs, échange de voix contre bons procédés, opacité des algorithmes utilisés pour le classement final, absence de contrôle notarial ou encore non de publication du chiffrage des voix ...

En 2008, il avait également mis en lumière la correspondance entre les chefs membres du jury et leur apparition dans le classement : Joan Roca (2), Alex Atala (4), Andonis Luis Aduriz (3), Massimo Bottura (5), Juan Mari Arzak (8), Inki Aizpitarte (15), Pascal Barbot (18), Mauro Colagreco (24), la liste est longue. Une entreprise rendue impossible depuis deux ans, la liste des jurés n’étant plus rendue public … Enfin, des scandales alimentaires entachent le haut du classement.

Pour rappel, en 2009, une quarantaine de convives étaient victimes d’une gastro-entérite aigue à la suite de leur repas au Fat Duck numéro 1 en 2005. A la mi-février 2013, c’est au tour du tenant du titre, le Noma, de rendre malade 63 de ses convives. Dernièrement, ce sont 24 clients du numéro 5 du classement 2014, le Dinner de Heston Blumenthal à Londres, qui ont été prises de vomissements et diarrhées.

Les preuves s’enchaînent. Pourtant, le « World’s 50 Best Restaurants » n’a jamais autant pesé dans le monde de la gastronomie mondial. Une prime à l’intoxication médiatique et alimentaire qui demande de réagir.

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