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Marie-Suzelle Chapelan, exploitante d’un Traiteur créole près de Lyon

Source: Réunion Du Monde.com

Arrivée en métropole dans les années 70, Marie-Suzelle (née Rivière) n’a jamais perdu contact avec ses racines, qu’elle a cultivé notamment à travers la cuisine réunionnaise. Après 15 ans d’exploitation d’un restaurant, elle dirige aux côtés de son époux une nouvelle activité de traiteur créole près de Lyon. Marie-Suzelle a participé au 1er village de la diaspora réunionnaise du 14 au 16 octobre 2009 à Saint-Denis.

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D’où êtes-vous à la Réunion ?

Née à Saint-Denis, j’ai surtout habité le Tampon et Saint-Pierre. Je suis d’une fratrie de cinq enfants (un frère et trois soeurs). Ma mère était couturière et mon père employé de laboratoire pharmaceutique. Famille modeste, nous vivions dans la simplicité.

Dans quelles conditions avez-vous été amenée à quitter l’île ?

J’avais en 11 ans, en 1974, quand nous avons quitté la Réunion. Mes parents étaient partis quelques mois auparavant afin de trouver un emploi et un logement pour la famille. C’est mon père qui fut à l’initiative de ce départ, au grand désarroi de ma mère qui était réticente et laissait derrière elle ma soeur ainée ; mon père voulait changer de vie.

Quels objets de la Réunion avez-vous apporté dans vos valises ?

Je ne me souviens pas. Malheureusement toutes nos affaires ont été dilapidées suite aux divers déménagements…

Racontez-nous vos débuts en métropole.

Arrivée donc en février 74, en petite robe légère et savates... Fort heureusement ma mère nous attendait à Orly avec de chauds manteaux. Installés en banlieue lyonnaise, mon père exerça chez Berliet jusqu’à sa préretraite et ma mère passa de petit boulot en petit boulot. La vie n’était pas facile, nous avions des revenus très modestes et il fallait s’adapter à notre nouvel environnement.

Sous l’enseigne "La Table Réunionnaise" implantée depuis 1992 sur la Verpillière (20 kms de Lyon), Suzelle et Gilles exercent aujourd’hui une activité de traiteur créole avec magasin de vente de plats cuisinés réunionnais à emporter.

Et ensuite ?

En 1979, nous nous sommes installés en Ville nouvelle à la campagne. C’est là que quelques années plus tard j’ai rencontré mon futur mari. Après une formation en secrétariat, je me suis tournée vers les métiers de la restauration, notamment des études en Sommellerie sanctionnées par un diplôme de l’Université du Vin. Après 15 ans d’exploitation d’un restaurant (vendu en 2004), je dirige aux côtés de mon époux, cuisinier diplômé également, une nouvelle activité de traiteur créole.

Quels sont vos projets ?

Notre magasin étant en place, j’aimerais développer les buffets et lunchs pour les entreprises à proximité. Aujourd’hui, j’analyse bien le pour et le contre avant d’agir. Je m’efforce de garder un pied à terre au cas où, je privilégie la prudence quand l’envie de bouger se fait sentir.

Qu’est-ce qui vous manque de la Réunion ?

Ma soeur bien sûr et tout ce qui va avec : MES RACINES, la chaleur (humaine) mais aussi le soleil bien sûr et surtout la convivialité.

Quel est votre regard sur la situation socio-économique de l’île ?

Ca me rend triste. J’ai l’impression que le Réunionnais s’appauvrit. La flambée immobilière a fait vendre beaucoup de terres, qui deviennent aujourd’hui inaccessibles à l’achat pour les Réunionnais. Que feront-ils si la crise continue à faire flamber les prix et qu’il ne leur reste pas même un ti carré de terre pour planter ne serait-ce que leurs brèdes et élever leur volaille ?

Quels ont été les avantages / inconvénients du fait de venir de la Réunion dans votre parcours professionnel ?

Avantage : cela m’a permis de concilier mon métier (la restauration) avec l’originalité de la cuisine réunionnaise. Inconvénient : gérer le professionnalisme et le goût pour que le métier ne déborde pas trop sur les vraies valeurs liées à mes origines. Ce n’est pas toujours simple, il faut sans cesse se poser des limites.

Quelle est l’image de la Réunion là où vous vivez ?

Plutôt bonne, beaucoup liée au tourisme pour les métropolitains et au problème de l’emploi pour les Réunionnais vivant ici. Une assez forte communauté réunionnaise vit autour de Lyon. J’entends régulièrement des envies de repartir là-bas. Certains sont revenus et ont retenté l’expérience, d’autres sont restés ; certaines expériences sont positives, d’autres négatives… Ca n’a pas changé en 30 ans. L’envie d’un retour aux sources est toujours présente, mais l’adaptation après plusieurs années d’absence peut être difficile, sans parler de l’absence des proches…

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes Réunionnais ?

Restez vous-mêmes ; adaptez vous aux situations nouvelles, mais gardez vos origines, vos valeurs et donc votre personnalité. Arrêtez d’avoir honte, osez montrer les valeurs positives qu’il y a en vous, et Dieu sait qu’il y en a ! Il faut apprendre à les utiliser, ce n’est pas forcément facile ce que je dis, mais il faut essayer.

Que pensez-vous du site www.reunionnaisdumonde.com ?

Super ! Complet, très intéressant et ouvert à tous.

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