vendredi 24 janvier 2020

FR | Côte d'Ivoire | Entretiens avec Miss Cocktail

Entretiens avec Miss Cocktail, Restauratrice ivoirienne.

Manuela Ahoule | Linkedin
Oodge Guide, un prduit softconcept africa

"Daba, cacao, agriculture. Pourquoi ne pas en faire une recette ? Je pars d’une base de produits assez usuels et j’essaie d’en faire des choses particulières"

Ce qui fait sa particularité, c’est son aptitude à créer de nouvelles saveurs. Connue pour ses fabuleux cocktails appréciés par ses nombreux adeptes, et ses bon petits plats, fierté du terroir ivoirien. De la « Queue de bœuf boucané au bambou », en passant par les « saucisses d’agouti », et que dire des « escargots pendus servis sur leur plateau d'awalé.

Loukou Nina Adah est l’heureuse propriétaire des restaurants L’Air fruitée, (situé précisément à Cocody, Riviera Bonoumin, non loin des cités «Abri 2000) et L’Air fruitée la villa, (situé à Cocody, Riviera Palmeraie à 2 min du dispensaire sur l’alignement de la pharmacie Notre dame de l’Incarnation).

Barmaid, restauratrice, formatrice spécialisée en événementiel (traiteur), elle nous reçoit dans ces locaux pour un entretien.

Pourquoi « Miss cocktail » ?

D’abord, j’aime beaucoup les fruits. C’est parti un peu d’une rigolade entre copines. Je m’amusais à faire des cocktails à chaque fois que je recevais des amis. Mes copines m’ont donc surnommée ainsi et j’ai trouvé cela sympa, parce-que c’était original. C’est un nom qui me permettait de me démarquer et aussi c’était facile à retenir.

D’où vous est venue cette passion pour la cuisine, et la volonté d’en faire votre métier ?

En fait, je peux dire que depuis toute petite, j’étais plus ou moins prédestinée à la cuisine. Je me souviens que je demandais à chaque fois à Noël des dinettes ou des choses afférentes à la cuisine. Tous les dimanches, je regardais ma mère cuisiner et je récupérais les pinces de crabes avec lesquelles je concoctais des petites sauces. J’apprenais également des petites recettes comme le flan, des gâteaux que je faisais goûter à mes copines. C’est donc toutes ces choses qui éventuellement m’ont fait aimer la cuisine.

Quel est le principal défi dans ce métier ?

Le principal défi pour moi dans ce métier c’est toujours innover, créer et rester quand même à un haut niveau. Il ne s’agit pas de créer aujourd’hui et demain être chassé aux oubliettes. Pour moi, l’idéal serait donc de se démarquer. On demande à Dieu de toujours nous donner la force et l’inspiration pour plus de créativité.

Avez-vous un ingrédient que vous aimez utiliser en particulier ?

Je dirais les épices. J’adore cuisiner avec les épices. Ça crée la différence dans le goût. Les épices donnent un petit côté mystère qui donnent envie de découvrir, d’aller plus loin, de manger en fait.

On remarque que vous êtes beaucoup créatrice, avec des recettes revisitées à votre façon telle que le jus de côcôta, le cocktail au Cérélac, les saucisses d’agoutis’, vos escargots pendus à la crème servis sur leur plateau d’awalé. Dites-nous d’où vous provient ces inspirations ?

Cette inspiration est certainement divine… « Il faut rendre à César ce qui est à César » (rire). J’ai toujours été dans le classique, et comme je suis passionné de cuisine, je n’arrête donc pas de travailler et de réfléchir car « c’est en forgeant qu’on devient forgeron ». On se dit qu’est-ce qu’on pourra créer qui n’existe pas déjà, et là, parfois j’ai des idées. Je peux voir une daba (la houe), une noix de cacao, et là je me dis « daba + cacao = agriculture ». Pourquoi ne pas en faire une recette et poser sur la daba pour en faire une belle déco.

J’ai l’esprit qui tourne constamment. Je suis toujours en train de chercher à éblouir à « épater » mes convives. Je pars d’une base de produits assez usuels et j’essaie d’en faire des choses particulières

La petite anecdote sur le jus de côcôta

C’est un fruit qui a énormément bercer notre enfance, on l’a presque tous mangé étant petit. Certains ne l’aime pas forcement parce qu’étant un peu acidulé, alors je me suis demandée comment lui donner une petite note aromatisée pour que ce soit accessible à tous et que tout le monde l’apprécie. Du coup, je l’ai revisité à ma façon en rajoutant de la vanille, une pointe de fruit de passion et pleins d’autres choses. Les gens aiment et ça s’exporte. Des gens viennent de partout et me disent « on a entendu parler du jus de côcôta et on aimerait l’avoir ».

La petite anecdote sur le cocktail au Cérélac

J’ai toujours été friand de Cérélac. Plus petite, je récupérais les restes de nourritures de ma petite sœur. C’est pas très commode étant mature de consommer du Cérélac. Cela est mal perçu. J’ai créée alors ce cocktail que j’alcoolise au rhum , pour ceux qui le souhaitent, et tout le monde s’y retrouve et ça nous ramène à l’enfance.

Est-ce qu’il vous arrive de proposer des activités en vue de partager votre expérience, ou même transmettre ce talent que vous possédez ?

Il m’arrive de faire des ateliers où j’apprends à des dames des astuces culinaires, aromatisation, l’utilisation des épices. Aussi j’apprends aux enfants lors des anniversaires auxquelles je suis conviée, l’initiation aux petits cocktails, aux petits repas.

Ça fait quand même un petit moment, faute de temps mais on va en reprogrammer.

Quels conseils pouvez-vous donner à un jeune qui débute dans cette profession ?

Le conseil que je pourrais donner sera déjà d’aimer le métier, de cultiver l’esprit de créativité car c’est en cela qu’il se bonifiera et de rester en quête perpétuelle du savoir.

Parlons gastronomie au-delà de nos frontières, pensez-vous que nos mets locaux ont des chances d’être retrouvés de plus en plus dans les assiettes européennes et pourquoi pas dans le monde entier ?

Bien sûr que oui. Quand on regarde l’actualité culinaire aujourd’hui, il y a pas mal de produits qui s’exportent. En France, des personnes utilisent la banane plantain, chose qu’ils ne connaissaient pas du tout, de plus en plus dans les entrées ou même dans certains plats. Ils ne connaissaient que la banane en fruit (banane douce).

Le gingembre aussi est utilisé par ceux qui veulent rajouter une touche épicée à leurs plats. J’ai regardé récemment un reportage sur la France où des chefs cuisiniers prenaient des cours pour apprendre la cuisine africaine. Ils essayent de revisiter nos plats à leur façon. Mais on retrouve de plus en plus nos mets à l’extérieur et c’est bon signe !

Avez-vous songé à ouvrir un jour, un restaurant comme « L’Air fruité » en France ou même ailleurs ?

Oui, en ce moment, on a quand même une forte demande de la communauté africaine en France. Il ya beaucoup de vacanciers qui viennent et dégustent nos plats. Et après leur retour, ils nous demandent quand est-ce que vous venez en France. Car ils aimeraient bénéficier de tout ça. Donc cela est en projet, ce n’est pas forcément évident parce qu’on est sur 2 espaces et qu’il y a la gestion du personnel, la gestion des clients, la gestion de l’espace, l’aménagement de pas mal de choses qui m’accaparent encore ici. Mais, quand tout ça sera bien ficelé. Pourquoi pas ?

Nous venons d’aborder l’année 2020, et c’est vrai que vos adeptes sont habitués à vos différents plats, mais on aimerait savoir quelle surprise, coté goût et saveurs, Miss Cocktail prévoit au cours de cette année ?

Ce qu’on ne sait pas, c’est que Miss Cocktail ne sait jamais à l’avance là où elle va. Je me laisse emporter par le vent, au gré de la créativité, au gré des fruits que je découvre sur le marché, par ce qui me chante ou me viens à cœur. Je n’ai pas précisément de chose préméditée ou prévue. Elles arrivent toute seules, comme je vous l’ai dit. C’est une grâce, c’est divin et je me laisse aller selon mon inspiration et ma créativité.

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