Chef Dieuveil Malonga : changer l’histoire de la cuisine africaine
Par Ilse Lasschuijt, Inzozi Rwandair’s Inflight Magazine
Son nom fait monter le buzz à
Kigali depuis un certain temps. Dieuveil Malonga, un grand chef et entrepreneur
culinaire, qui fusionne ses racines africaines avec sa formation européenne
pour offrir de nouvelles saveurs aux goûts sensationnels
Dieuveil Malonga (28ans) appelle
sa spécialité personnelle Homeland, qu’il présente comme une assiette en
couleurs et élégante, mélangeant différents ingrédients avec de la mangue
préparée, de la crème d’avocats, du moringa, des crevettes et sa spéciale « Soweto-sauce »,
qui comprend un mélange d’arachides, de tomates et d’épices. Ce plat, dont les
ingrédients peuvent varier selon l’endroit, illustre à merveille son parcours
personnel de l’Afrique vers l’Europe et son retour sur le continent. « Mon
style évolue encore, car j’apprends chaque jour de mes nouvelles expériences ».
Dieuveil Malonga est né et a été élevé au Congo (Brazzaville), avant que des
circonstances personnelles le conduisent en Allemagne à l’adolescence.
Là-bas, il commence sa formation et sa carrière culinaire. Le jeune Malonga se forge très rapidement une réputation à mesure qu’il travaille dans plusieurs restaurants étoilés au Guide Michelin, en Allemagne et en France. Il se classe même finaliste du prestigieux Prix Mondial pour la cuisine basque en 2018, et se hisse à la 6ième place de la catégorie « 30 under 30 » du célèbre magazine Forbes.
Là-bas, il commence sa formation et sa carrière culinaire. Le jeune Malonga se forge très rapidement une réputation à mesure qu’il travaille dans plusieurs restaurants étoilés au Guide Michelin, en Allemagne et en France. Il se classe même finaliste du prestigieux Prix Mondial pour la cuisine basque en 2018, et se hisse à la 6ième place de la catégorie « 30 under 30 » du célèbre magazine Forbes.
Respecter les ingrédients
Durant ses années européennes, le
chef continue de rêver des senteurs et des saveurs de son enfance en Afrique. Après
plusieurs années d’aller-retour, il partage aujourd’hui son temps entre Kigali
et Paris où il organise de prestigieux dîners pour les gastronomes. « Faire
de Kigali mon domicile en Afrique a été un choix personnel », dit-il avant
de préciser que « la ville est verte, sans danger et propre, et située au
centre de l’Afrique. Je suis séduit par l’ambition de ce pays ». Dieuveil
Malonga s’amuse de l’effervescence qui règne dans la capitale rwandaise : « Je
n’ai jamais vu autant de jeunes CEOs aussi doués ». Il passe beaucoup de
temps à s’imprégner des spécificités de la ville, visitant et s’entretenant
avec des agro-entrepreneurs et agriculteurs locaux. « Comme chef, je dois
évidemment avoir des informations sur la nourriture et respecter les ingrédients
locaux », précise-t-il. « La nourriture, c’est l’émotion, elle
vient de notre sol et elle a des goûts différents partout. J’apprends encore
chaque jour de nouvelles choses sur les légumes et les épices d’ici, par
exemple les nombreuses variétés de haricots au Rwanda ou comment le vol volcanique
a un impact sur le goût des légumes ».
La Nourriture avec une histoire
Au cours des années, Dieuveil
Malonga a développé sa propre cuisine Afro-fusion, qu’on pourrait définir comme
une touche moderne éclectique et radieuse de recettes traditionnelles
africaines. Ses recettes comprennent le ravioli de plantains, le sorbet de
prunes, des variations de recettes traditionnelles telles que le riz jollof, isombe
ou achu et des desserts sucrés avec du chocolat africain, café et gingembre. Sa
volonté est de placer son art culinaire sur la scène mondiale et de changer l’histoire
de la cuisine africaine. « Je crois que la cuisine africaine
(sub-saharienne) deviendra le nouveau courant global », s’enthousiasme-t-il.
« Ce continent a tant de
choses à offrir. Les ingrédients et les saveurs racontent des histoires :
les Bamileke camerounais préparent une recette collante appelée Nkui pour
célébrer la naissance d’un enfant. Elle contient douze condiments différents et
est servie à la mère pendant 30 jours pour lui permettre de regagner des forces ».
Comme toutes les passionnés, Dieuveil Malonga aime partager une histoire sur
ses propres expériences culinaires lors de ses voyages en Afrique de l’Ouest et
en Afrique Centrale. Ses yeux s’illuminent à l’évocation des épices, comme le
piment penja, le tchobi et les noix pebe. Quand on lui demande son plat
préféré, sa réponse fuse : « Sans aucun doute le pondu (sombe) !
La version congolaise, avec du poisson et des crevettes séchées ».
Au cours de ses voyages, il a
rencontré de nombreux chefs africains de qualité mais aussi beaucoup de
propriétaires d’organisation et de restaurants qui se plaignaient de ne pas en
trouver. Il décida alors de fonder « Chefs
in Africa » une plateforme digitale qui vise à cultiver le talent et
la passion culinaire venus d’Afrique. A travers cet espace, il connecte des
institutions, des centres de formations et des entreprises avec des chefs professionnels
et de jeunes étudiants en art culinaire qui sont à la recherche d’expérience de
travail. « Nous offrons ce réseau pour les aider à commencer leur carrière »
détaille-t-il. « Dans le meilleur des cas, la visibilité les aidera à
trouver un emploi, mais d’autres peuvent avoir besoin de notre soutien pour
accéder aux stages, aux bourses d’études ou juste pour des demandes de visa ».
Homme de défis, Dieuveil Malonga envisage de créer un espace à Kigali qui
serait ouvert, où des gens pourraient venir cuisiner, apprendre, et bien sûr
déguster. Il insiste également sur son approche collective : « Je ne
vois pas la cuisine comme un art individuel, j’aime créer et travailler avec
des gens ». Ou s’arrêtera ce visionnaire africain. « Qui sait,
peut-être je pourrais créer des menus pour la classe affaires de Rwandair ?
Ce serait un grand bonheur », sourit-il. Son ambition ultime serait d’ouvrir
un jour sa propre école d’arts culinaires africains ». J’ai encore
beaucoup à apprendre que ce rêve se réalise », tempère-t-il. C’est tout ce
qu’on lui souhaite.
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